Le peintre québécois Pierre-Yves Girard présente des toiles inédites dans les espaces de Projet Casa à Montréal du 9 octobre au 3 novembre 2024
Projet Casa est fier de présenter l'exposition «DYSNYSTAXIE : À demi-sommeil», une immersion dans l’univers créatif de Pierre-Yves Girard. Du mercredi 9 octobre au dimanche 3 novembre 2024, cette exposition propose une réflexion sur l’interaction entre le peintre et son médium de prédilection, la peinture à l’huile. Girard y dévoile une série de 18 tableaux de grand format produits en 2024 qui explorent la manière dont la matière, telle un organisme vivant, se transforme et évolue au fil du processus de création. Ce projet met l'accent sur la quête constante d'innovation qui anime l'artiste, comme le «Gesso miroir», qui joue avec l'absorption de la matière. Les œuvres, réalisées à partir de ce nouveau fond réfléchissant, se distinguent par leur texture et leur capacité à capturer la lumière d’une manière inédite, tout en maintenant l’interaction organique propre au travail de Girard.
Peindre selon les principes de la nature
«DYSNYSTAXIE : À demi-sommeil» est une rencontre entre l’artiste et la matière, entre le peintre et ses couleurs. Dans ses œuvres, Pierre-Yves Girard ne peint pas la nature, il peint selon les principes de la nature qui se manifeste. Il dit : «La nature fait son travail seule, elle te surprend et tu lui es redevable». Tout comme un jardinier qui choisit l’emplacement des semences dans la terre, s’occupe de les arroser, favorise la croissance de certaines pousses, taille les branches d’une autre, pour ensuite laisser la nature prendre le relai.
À l’image d’un jardin où cohabitent maintes espèces, les tableaux de Girard sont vivants et forment des écosystèmes distincts : «J’ai besoin de ce mouvement, j’ai besoin de vivre la matière qui se brasse et se transforme». Dans son nouvel atelier, situé entre les conifères de Métabetchouan et l’immensité du Lac-Saint-Jean, il revisite ses outils, explore les possibles formes et textures que la peinture à l’huile peut créer et qu’elle lui révèle, provoquant un émerveillement constamment renouvelé. Pour cette série d'oeuvres, le peintre a introduit un nouveau paramètre dans son processus créatif, il est attentif aux temps de séchage des couches de peinture : malgré qu’il conçoit ses toiles avec les mêmes procédés que les années précédentes, l’artiste affirme que cette meilleure écoute de l’état de la matière génère des résultats singuliers.
Le travail de Girard est ainsi guidé par cette interaction avec la matière, qui possède sa propre agentivité : «Je suis convaincu que le médium avec lequel je travaille a une charge propre avec laquelle j’essaie de vivre, sa propre identité que j’essaie de comprendre, son propre vocabulaire que j’essaie d’apprendre». Pour le peintre, il s’agit de créer à l’opposé des manières classiques, ou «mécanique», comme il aime à les appeler. Plutôt que de juxtaposer, balayer les couleurs pour en faire un résultat déterminé, il appréhende la toile comme un univers conçu à partir de la matière brute. Il y a beaucoup d’humilité dans cette approche, comme si l'œuvre ne lui appartenait pas entièrement. Pour reprendre ses mots : «L’artiste ne peut pas revendiquer TOUT du rendu final».
Entre l’abstraction et la figuration
Les œuvres qui en résultent sont donc forcément indéterminées. Cette liberté dans la création se transmet aussi à celles et ceux qui la reçoivent. Des images et métaphores ne sont pas imposées au spectateur, au contraire, un équilibre recherché entre l’abstraction et la figuration invite à se lire soi-mêmes à travers les oeuvres, à se laisser porter par ce que la toile nous révèle, comme lorsque l’on regarde les nuages et que se dessinent la forme d’un visage, l’esquisse d’un arbuste. Ces paréidolies nous rappellent que la peinture à l’huile, comme la nature, a sa propre vie et font écho à des structures récurrentes de la nature, par exemple, les motifs des écailles de reptiles ou les méandres des rivières. Girard compare ce procédé éphémère et intuitif à ce que vivent les musiciens lorsqu’ils se laissent porter par leurs instruments. Ce qui émerge et ne sera jamais tout à fait reproductible; il imagine ses tableaux comme la trace de ce qui reste de ces moments de fusion, de laisser-aller.
Caneva : un nouveau processus de recherche
Partant de l’idée que «la toile blanche est une fenêtre pour accueillir une image, une fiction visuelle», l’artiste a pour la première fois travaillé non seulement ce qu’on y applique, mais la surface en elle-même.
Suite à une longue recherche, Girard a mis au point un fond blanc aux propriétés particulières, surnommé «Gesso miroir», qui reflète la lumière tout en conservant une porosité essentielle à la technique de l'artiste. Un canevas prototype suspendu dans l'espace de la galerie permettra au public de découvrir le résultat de cette réflexion sur l’alliance du fond et de la forme dans son univers créatif. La matière qui en résulte est à la fois extrêmement polie, atteignant l’état d’un «faux miroir» sur laquelle l’huile glisse sans y pénétrer complètement et assez poreuse pour lui permettre d’y être absorbée, de capter la moindre trace de ses interventions.
Tout comme un chercheur dans un laboratoire, l’artiste expérimente, affine ses outils et repousse les limites de son médium pour renouveler sa pratique. Ce perfectionnement technique lui permet d’approfondir le dialogue entre la matière et la lumière, élément central de son œuvre.
En somme, le sujet des œuvres exposées à Projet Casa est pour Girard «un discours sur la façon de garder l’envie de créer, la joie de faire, le bonheur d’explorer un processus qui se déploie au long des années». Il s’agit alors de relever ce défi perpétuel en tant qu’artiste : garder intact cet étonnement envers son médium.
Une exposition en parallèle à la galerie Louis-Seize à Saint-Gabriel-de Brandon, dans Lanaudière
Le public de la région de Lanaudière pourra aussi admirer la production récente de Pierre-Yves Girard en octobre. La Galerie Yves Louis-Seize située à Saint-Gabriel-de-Brandon présentera également les œuvres de Girard. 16 tableaux réalisés entre 2016 et 2024 sont présentés. Il s’agit de la deuxième collaboration entre le directeur de la galerie et l’artiste. Pierre-Yves Girard y avait présenté une première exposition en 2018. La galerie est ouverte le samedi et le dimanche de 13 h à 17 h. Le vernissage de l'exposition aura lieu le samedi 5 octobre à 15h.
Pierre-Yves Girard
Né en 1982 à Chicoutimi, Pierre-Yves Girard est un artiste montréalais qui partage maintenant sa vie et son lieu de travail entre Montréal et Métabetchouan, au cœur de la forêt boréale, au Lac-St-Jean. Il est récipiendaire en 2019 d’une bourse de création au Conseil des arts du Canada. Il est membre du Centre Clark depuis 2006 et a été représenté par la Galerie D’Este de 2012 à 2020. Il a participé à plusieurs encans bénéfices dont ceux du Centre Clark, du B-312, Plein Sud, Musées d’art contemporain des Laurentides. Il a présenté des oeuvres à plusieurs foires d’art actuel à Montréal, Toronto et New York, ainsi que dans de nombreuses Maisons de la Culture à Montréal. On peut retrouver ses œuvres dans les collections de Loto-Québec et de la Banque Nationale.
Sidonie Gaulin
Sidonie Gaulin réalise depuis 2021 le balado féministe Les Impostures, qui trace le portrait de la création contemporaine à travers la mise en lumière d’une diversité de pratiques artistique. Elle vient de recevoir une subvention du Conseil des arts du Canada pour scénariser son premier projet de documentaire sonore, sur la scène musicale indépendante à Montréal. En parallèle, elle est à la maîtrise en Histoire de l’art à l’Université Concordia, et mène sa recherche sur les relations entre prise de parole, pouvoir et identité de genre dans le milieu artistique. «Dysnystaxie - à demi sommeil» est sa première expérience de commissariat.
À propos de Projet Casa
Projet Casa est une initiative du couple d’amateurs d’art visuel contemporain Danielle Lysaught et Paul Hamelin. Ils ont acquis en 2019 une demeure bourgeoise sur l’avenue de l’Esplanade, l’ancien B&B Casa Bianca, et ont fait le choix de dédier les pièces du rez-de-chaussée à une vocation culturelle en invitant des expositions et autres événements artistiques.L’objectif est de favoriser une rencontre intime et conviviale avec des œuvres actuelles et les artistes en profitant du caractère chaleureux de l’espace.Le calendrier de Projet Casa enchaîne des événements de courte durée (moins d’un mois) et privilégie les questions actuelles sur les enjeux de notre société.
Informations pratiques
Titre de l'exposition : DYSNYSTAXIE : À demi-sommeil
Dates : 9 octobre - 3 novembre 2024
Vernissage le mercredi 9 octobre 2024 de 17 h à 20 h
Lieu : Projet Casa, 4351 avenue de l’Esplanade, Montréal
Artiste : Pierre-Yves Girard
Commissaire : Sidonie Gaulin